mardi 7 mai 2019

Le Garage infernal - Roscoe Arbuckle 1919



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De 1917 à 1919, Roscoe Arbuckle, dit Fatty (le Gros) et Buster Keaton ont réalisé en commun près d'une quinzaine de courts-métrages. Aux  débuts de leur collaboration, Buster Keaton est le second assistant d'Arbuckle, mais devient  très vite, au bout de trois films, son premier assistant, et finit par coréaliser avec lui. The Garage, (le garage infernal) réalisé en 1919, est le dernier des courts-métrages réunissant Buster Keaton et Roscoe Arbuckle. Leur aventure commune débute en février 1917. À cette époque, Buster Keaton vient tout juste de quitter la troupe familiale, The Three Keatons, qui s'était fait un nom et une solide réputation dans le vaudeville et les arts du music-hall. Il avait acquis, depuis l'âge de ses trois ans, une expérience de casse-cou dont il se servira avantageusement pour mettre en avant ses talents d'acrobates. Dans ses mémoires, Slapstick, il écrit :
Je réussissais les chutes les plus invraisemblables sans me faire mal simplement parce que j'avais appris le truc si jeune que le contrôle de mon corps était devenu mon sixième sens.  Si je ne me suis jamais rien cassé sur scène, c'est parce que j'évitais toujours  de me recevoir sur la nuque, la colonne vertébrale, le coude ou le genou. C'est comme ça qu'on se brise les os. Il faut aussi savoir quels muscles durcir et quels muscles relâcher, c'est tout bête."   
Toutes les années passées à recevoir les coups l'auront endurci, et finalement aidé à poser les jalons de ses ambitions futures. Mais pour l'heure, Keaton décide de voler de ses propres ailes, et de quitter, à 21 ans, le giron familial. L'une des raisons avancées, mais pas la seule  : un père alcoolique, accro aux fortes liqueurs et de plus en plus violent. Une décision qui imprimera un virage décisif à l'orientation de sa carrière.

Buster Keaton  arrive à New-York en février 1917, avec l'envie de vouloir faire du cinéma à tout prix. Et le hasard lui fait mettre sur son chemin un certain Roscoe Arbuckle, colosse de 130 kilos en forme de bonhomme Michelin, champion du lancer de tarte à la crème ! Ses cabrioles et ses pitreries lui ont assuré une célébrité notoire dans les productions de Mack Sennett, chantre des comédies burlesques qui comptera dans ses rangs les noms les plus illustres...(Charlie Chaplin pour ne pas le citer)
Justement, en ce début d'année 1917, Arbuckle rompt son contrat avec Sennett,  quitte les studios de la Keystone,  pour s'essayer à la production indépendante. Il est en train de tourner son premier film, Fatty garçon boucher, ça tombe plutôt bien pour Keaton, qui se présente à lui, par l'intermédiaire d'un comique hollandais au nom de Lou Anger. Après un essai convaincant, Roscoe l'engage à 40 dollars la semaine. Pas cher payé pour recevoir des sacs de farine en pleine poire, mais bon, peu importe, l'argent pour Keaton n'aura jamais été une  préoccupation majeure.
D'emblée, il éprouve une affection et une admiration sans bornes pour Arbuckle, pour l'homme, et ses talents d'acteur et de metteur en scène. Fatty Arbuckle l'initie au cinéma, lui explique tout par le détail :  la technique, le maniement d'une caméra,  le montage, absolument tout ce qui peut toucher, de près ou de loin, à l'élaboration d'un film. En somme, il lui apprend toutes les ficelles du métier. Buster Keaton découvre, émerveillé, le cinéma, "cette immense fabrique de rêves".  Au fond de lui, il sait. Qu'il va définitivement consacrer sa vie au septième art. L'avenir ne lui donnera pas tort...



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The Garage.  Ce garage fait aussi bien office de garage pour réparer les voitures que d'entrepôt pour véhicules de pompier. Traduit en français par le garage infernal. Ce n'est pas un mauvais titre quand on songe aux manifestations chaotiques qui vont s'y produire... Bien sûr, on y retrouve ce qui fait le charme du slapstick, à la différence près que, l'huile de moteur remplace les sempiternelles tartes à la crème...  Le film regorge de trouvailles typiquement keatoniennes (l'astucieux  système de cordage actionné par des poulies, qui permet à Keaton et Arbuckle,  d'un simple coup de corde, de se débarrasser de leur nuisette, et de partir le plus vite possible en intervention !). Toute la mécanique du rire chère à Keaton  trouve une expression dans la précision quasi-mathématique des gags.
Par moments, le film fait preuve d'un raffinement étonnant dans la confection des gags :  je pense à  l'irrésistible gag du kilt écossais. Buster Keaton n'est pas en reste pour nous offrir, comme il en a l'habitude, des prouesses physiques de haut vol.
La fin brille par l'intelligence de sa mise en scène, et laisse déjà entrevoir ce dont le génie de Keaton  sera capable dans ses futurs longs-métrages...


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La qualité de la bobine m' a laissé pantois !  À côté, l'édition DVD, sortie en 2001 (dans l'intégrale des courts-métrages) fait office  de VHS pourrie...Je regrette qu' Arte n'ait pas eu l'audace de diffuser l'intégralité des courts-métrages... Quel dommage! 



Bonus : 



- À tout seigneur, tout honneur : je commencerai par Buster Keaton lui-même, qui a écrit ses mémoires en collaboration avec Charles Samuels :   Slapstick, un merveilleux livre écrit avec le cœur, retraçant les grands chapitres de sa vie. Inutile de préciser que le livre abonde en anecdotes croustillantes...  On n'a aucune peine à l'imaginer, mais Buster Keaton était le roi du canular, et les récits qu'il en donne sont proprement hilarants. B. Keaton était un gentil fouteur de merde, comme il se plaisait à le dire lui-même. Des comédiens ou producteurs étaient la victime de son imagination débridée, et quelquefois, la farce prenait un tour vraiment surréaliste !!  L'homme au visage impassible témoignait d'un  immense savoir-faire pour mettre ses gags en pratique... !  Du grand Art !  Vous en trouverez un aperçu dans les deux chapitres tirés de son autobiographie, Slapstick,  (Quand le monde nous appartenait et Triomphes et Vacheries) et que j'ai moi-même scannés.
Ont été rajoutés quelques passages significatifs où il évoque Roscoe Arbuckle, pour lequel il avait une profonde affection. Il parle notamment du début de leur collaboration, de l'inévitable scandale qui aura brisé la carrière de Roscoe, ainsi que de sa triste mort.


Mardi au cinéma - Buster Keaton (France Culture - Flac - 90mn) Avec notamment des interventions de Pierre Étaix et de Claude Autant-Lara, qui, on l'a peut-être oublié, a fait jouer Buster Keaton, au début des années 30,  dans un de ses films. Triste époque pour Buster Keaton.  Les années 30 furent les pires années de sa vie. Déboires personnels et familiaux,  et surtout alcoolisme : une bouteille de whisky chaque jour, rien que ça... La pente fut raide et longue à remonter...

Buster Keaton le pionnier de l'extrême (France culture - Flac - 61mn) un bel aperçu de l'œuvre et de la vie de Keaton. 

Autour de Buster Keaton : le géomètre de la comédie (France Inter - Flac - 30mn) Serge Bromberg présente les courts-métrages de Buster Keaton et l'incroyable travail de recherche et de restauration qui a présidé à leur édition en DVD.

Pierre Etaix (Remux DVD - MKV - 12mn) ce bonus figure dans le coffret de l'intégrale des courts-métrages de Keaton.


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-  Du même coffret, un petit livret écrit par Serge Bromberg et Pierre Etaix.  et dans lequel on trouvera aussi la filmographie de ses courts-métrages. (PDF - 3p)
- Présentation biographique et générale signée David Robinson,  issue du coffret réunissant l'intégrale de ses longs-métrages muets. (PDF - 5p) 


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-  Buster Keaton  interviewé dans le numéro 175 des Cahiers du Cinéma (PDF - 2p)
- Une autre interview rapportée par John Schmitz dans le numéro 86 des Cahiers du Cinéma (PDF - 3p)
- Buster Keaton  par Stéphane Goudet l'enfant de la balle, du vaudeville au début du cinéma. (premier chapitre) (PDF - 13p)




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Le critique et historien du cinéma, Jean-Pierre Coursodon a écrit une imposante monographie (plus de 450 pages !) sur les films de Keaton. Un peu assommant par moments, mais indispensable pour qui veut approfondir l'analyse de ses films. Je n'ai scanné que le début du livre qui évoque sa collaboration avec Arbuckle, ainsi que quelques rares photos d'époque. (PDF - 23p)

Roscoe Fatty Arbuckle, un destin brisé (Télé Paris Obs - PDF - 7p)
- Le revue Cinéa (1933) revient  sur la disparition de Roscoe Arbuckle et sa trop courte carrière au cinéma.
Cinémonde : article nécrologique évoquant la mort de l'acteur Roscoe Arbuckle, mort d'une crise cardiaque, mais tué par une Amérique puritaine et vindicative baignant dans un irrépressible flot de haine collective. (jpg)
Cinémagazine (1921)  : le cas Fatty Arbuckle.  La revue revient sur le scandale qui aura jeté l'opprobre sur Fatty et entamé sa lente déchéance.
Cinémagazine (1921)  : le cas Fatty Arbuckle.
Cinémagazine (1923) : Roscoe Arbuckle recommence à tourner. (PDF - 2p)

Pour vous (1930) : entretien avec Buster Keaton à Paris (PDF - 2p)
Cinémagazine (1929) : portrait de Buster Keaton. (PDF - 6p)
- Un article critique des Cahiers du Cinéma (n°169) concernant les livres écrits sur Buster Keaton, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'à cette époque (nous sommes en 1965), ils ne couraient pas les rues, et ce, malgré la reconnaissance bien tardive de la Cinémathèque française, qui ressortit ses films en salle en 1962. Une opération qui s'est soldée par un succès éclatant auprès du public.   (PDF - 1p)

Kermite.


Lien : 
https://uptobox.com/flynflbiyko3

https://1fichier.com/?y4zcxp2ji90blmav9ijr
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